on October 24, 2012, at 09:53 AM

La justice italienne a donc condamné à 6 mois de prison ferme pour homicide par imprudence les sept scientifiques italien de la commission nationale des grands risques. Ils sont coupables d'avoir donné des "informations inexactes, incomplètes et contradictoires" sur des secousses de faible magnitude, ressenties plusieurs semaines avant le séisme du 6 Avril 2009 de L'Aquila qui a fait 309 morts. Les avocats des scientifiques doivent faire appel prochainement.

Ce jugement a bien évidemment suscité de nombreuses réactions compréhensibles dans la communauté scientifique comme le relate l'article de franceinfo. Comme beaucoup j'ai d'abord été scandalisé par ce verdict, d'autant que le risque sismique pour reprendre la définition habituelle c'est la combinaison entre l'aléa sismique en un point donné et la vulnérabilité des enjeux qui s'y trouvent exposés. L'aléa n'est qu'une probabilité mais en l'absence de certitude c'est la seule "mesure" que les scientifiques ont. Je rejoins tous ceux qui pensent que les scientifiques ont le droit de se tromper, d'autant plus sur un simple jet de dé. Ce droit doit être défendu. Leur rôle est de présenter des résultats et des informations complètes non fallacieuses sur des bases objectives, réfutables et reproductibles. Si tel n'est pas le cas la justice doit pouvoir leur demander des comptes.

Nos sociétés devenues laïques et comment ne pas s'en réjouir attendent souvent de la science et par là même des scientifiques qu'ils arbitrent, décident et participent aux décisions. S'ils acceptent ou s'emparent de cette fonction ils changent alors de rôle et deviennent experts. Cette expertise doit alors s'exercer selon des critères éthiques partagés par la société où le mercantilisme n'a pas sa place. À ces conditions ils peuvent dire la nature de la réalité perçue, leur parole est publique et s'ils ont failli sur le respect de ces critères alors ils peuvent-être jugés et condamnés sans pouvoir s'abriter derrière leur statut de scientifique. Les chercheurs italiens en acceptant d'appartenir à la commission nationale des grands risques sont devenus de ce fait des experts auprès de la société civile et doivent en assumer les responsabilités.

Je ne connais pas les attendus du verdict, mais il n'est donc pas interdit de s'interroger sur ces responsabilités tout comme le fait un article de nature de 2011. Ma réaction épidermique initiale a peut-être été un peu hâtive, néanmoins en tout état de cause la peine me semble lourde, elle est sans doute liée au motif. J'espère que la justice n'a pas rendu une telle décision à la légère mais bien sur un non respect de critères éthiques et/ou scientifiques, sinon cela conduira à la science du parapluie.

Cela nous renvoie également aux débats sur les OGM qui vient de resurgir avec acuité dans l'espace public où des scientifiques oublient un peu rapidement les fondements d'un travail de recherche et au travers d'une prise de parole publique s'érigent en expert et où des experts s'avancent sans retenue sur l'innocuité de ces OGM. Enfin, comment oublier le Dr Alain et le sang contaminé ?

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