on May 25, 2012, at 11:49 AM

Par Elizabeth Durot-Boucé
Professeur à l'université du Havre de langue et littérature anglaises, spécialiste du roman gothique des origines et de traductologie.
Le 7 Juin 2012 à 12h45

Le siècle des Lumières se veut – et se déclare – libre pour la recherche du bonheur et pour la quête de la vérité. La fièvre de changements, la révolte contre la tyrannie de la raison, procèdent d’une insoumission de principe, sans laquelle aucune réflexion sérieuse n’aurait pu se développer. Goût de vivre et goût des idées, porosité de la limite entre plaisir et raison. Libertins, mais aussi libres-penseurs et libertaires. C’est l’individu qui est au centre de la philosophie des Lumières et la prééminence du concept d’individualité conduit à une réhabilitation du plaisir. Revendication de la liberté de pensée, liberté de mœurs, refus du conformisme, la notion de libertinage s’associe à celle de désobéissance à l’autorité (familiale, paternelle, morale), de refus d’assujettissement aux lois et aux règles de la vie en société. Evocation de mœurs permissives, ou masque d’une doctrine subversive, fête galante ou véhicule de revendications transgressives, une chose est sûre : le libertinage revendique le droit au plaisir. Le libertinage mondain ne se limite pas au domaine des mœurs mais il s’élève à la prétention philosophique : il accueille la réflexion matérialiste et la contestation sociale (voir Thérèse philosophe ou encore La Philosophie dans le boudoir). La fiction gothique se trouve avoir certains points communs avec la littérature érotique. L’objectif des auteurs libertins comme des auteurs gothiques est l’établissement d’une morale naturelle fondée sur l’épanouissement des instincts vitaux de l’homme et non sur leur oppression. On peut lire les romans gothiques comme des tentatives de défier les structures patriarcales et de subvertir l’idéologie qui veut que la femme soit docile et délicate. Dans la société, face à l’opinion, la femme ne peut agir que masquée, là où l’homme avance à visage découvert. La nécessité de la dissimulation fait de la mascarade et du bal masqué des lieux privilégiés, conférant aux femmes une liberté révolutionnaire et les autorisant à usurper les pouvoirs des hommes. Il n’est rien d’étonnant à ce que la littérature érotique de la seconde moitié du XVIIIe siècle affectionne ces autres lieux inévitables du roman gothique que sont le cloître et le couvent. Les murs du couvent servent à exprimer les tabous et les interdits sexuels et l’érotisme de la répression qu’ils génèrent donne au couvent une place centrale dans la fiction gothique et dans la littérature libertine car la clôture favorise le cumul des transgressions.

Le lieu est inhabituel, il s'agit de l'amphi Mazeline à l'UFR ST.

La conférence n'a pas pu être filmée néanmoins vous pouvez consulter les supports d'Elizabeth Durot-Boucé.

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